

Lorsque le scoutisme se développe en France, le même souci jaillit : assurer pour les éclaireuses une continuité de leur vie scoute qui s’adapte à leur âge et à leur vie d’adulte qui se profile.
L’ancien livret pour les pilotes à la Fédération du scoutisme européen (1983) disait :
« Il est nécessaire d’amener les guides-aînées à prendre conscience de leur place personnelle dans le monde et de les aider à réaliser leur vocation d’être humain, de femme et de chrétienne… de forger elles-mêmes leur caractère, de passer du monde de l’adolescence à celui des adultes dont la maturité s’engagera en connaissance de cause… »
En reprenant les éléments d’hier à aujourd’hui, le souci essentiel est le même : permettre que chacune, avec son côté unique et ses compétences, s’épanouisse et soit capable d’être adulte, mûre, dans une vie solide, unifiée, pour répondre pleinement, là où elle est, à sa vocation de service et d’amour.
Eh bien, la même chose qu’aujourd’hui, à quelques évolutions près : on partait en route ! Et dix à quinze jours ! Au programme, marche et campisme itinérant, découverte d’une région, carrefours de réflexion, temps forts par un pèlerinage ou la présence de l’aumônier.
Dans l’année la route se préparait par des réunions, des week-ends — un par mois, préparé par toutes les guides-aînées — un projet d’année appelé « entreprise », une récollection, « un cercle religieux », des carrefours et des cérémonies.
Organisé en équipe, selon le nombre de filles, le feu était une communauté d’amitié et de responsabilités partagées. Chacune avait en charge la vie du feu, par des actes concrets — l’intendance et la boussole, les horaires des trains et tout ce qu’il faut prévoir pour que le week-end ne tourne pas en catastrophe ! — et par une communauté fraternelle où l’on partage les soucis communs pour « s’efforcer ensemble de les éclairer à la lumière de leur foi » et une communauté d’Église, grâce au rôle de l’aumônier.
Cette vie en week-end et en route se vit dans la nature, « encore plus si possible qu’à la compagnie » car les feux sont parfois « plus proche du monde adulte trop coupé de ce monde fondamental, (…) qui apporte calme, équilibre, silence, air sain, détente, santé… ». Là les cinq buts du scoutisme sont retrouvés, particulièrement le sens du concret et la santé (cf : le carnet « En Route » ), mais aussi la formation du caractère, le sens de Dieu et le service :
« Le monde de chacune s’élargit ainsi aux dimensions du pays traversé, du travail découvert, des leçons tirées en commun… école de dépouillement, d’ascèse que symbolise la tente roulée chaque matin… effort de la foi qui naît dans le silence, le dépouillement et la prière »
Carnet de feu Guide de France
Finalement on retrouve les étapes des flots. Car cette vie de feu, si elle a un côté commun très fort, de vie d’aventure et de service ensemble, propose aussi une progression personnelle devant aboutir à une promesse aînée.